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Le Maroc en camion

Des (supers) souvenirs d’enfance

C’est pendant mon enfance que j’ai eu le plaisir de découvrir le Maroc avec mes parents. En effet, ce pays du Maghreb était un peu notre destination favorite pour les vacances estivales en famille. De mémoire, je crois que nous nous y sommes rendus à 7 reprises sur 7 années d’affilées, entre mes 8 ans et mes 15 ans.

Les longs voyages en voiture en plein mois de juillet par 35-40 degrés, on s’en souvient encore avec ma sœur et mon frère ! Pas de clim à l’époque bien-sûr, à 5 dans le break chargé à la marocaine. C’était, à nos yeux, un peu l’aventure à chaque fois !

Durant tous ces voyages, nous avons pu découvrir une bonne partie du royaume et je me souviens qu’on s’y sentait bien à chaque fois. On voyageait plutôt chichement, entres petits hôtels à bas coûts et toiles de tentes. Ça restait un voyage de luxe comparé à beaucoup qui n’ont pas du tout la chance de partir en vacances mais clairement on vivait un peu à la marocaine pendant 3-4 semaines pour limiter les dépenses.

Toutefois, c’est justement cette façon de voyager qui apportait tout le charme à nos vacances : on était baigné dans la culture locale et le dépaysement était total !

Voilà comment je me souviens de nos péripéties au royaume du tajine ! À bientôt 30 ans, ça faisait plusieurs années que j’avais envie d’y remettre les pieds. Par nostalgie un petit peu, mais aussi par curiosité de voir à nouveau le Maroc, cette fois à travers mes yeux d’adulte.

C’est en ce mois de Juin 2022 que nous nous sommes lancés dans ce retour tant attendu avec Soso. Notre camion, un Crafter L2H1, est maintenant fonctionnel et apte au voyage après plusieurs mois d’aménagement. Nous ne sommes, ni l’un ni l’autre, des grands planificateurs alors on part avec quelques idées en tête mais sans vraiment d’itinéraire précis !

L’essentiel à savoir pour les « nomades » :

Pour partir en camion depuis la France, il va forcément vous falloir prendre le ferry à un moment donné. Et généralement ce n’est pas donné.

Les traversées les plus courtes se situent évidemment à l’extrême sud de l’Espagne dans la région du Détroit de Gibraltar. C’est aussi souvent les moins chères bien que suivant les périodes de l’année elles peuvent rester assez onéreuses.

Bien souvent, le meilleur prix est pour la traversée Algesiras-Ceuta (enclave espagnole en territoire marocain). Toutefois, nous avions choisi Algesiras-Tanger car des problèmes diplomatiques entre le Maroc et l’Espagne empêchait d’opter sereinement pour Ceuta.

A titre indicatif, nous en avons eu pour 511 euros aller-retour, la traversée étant d’environ 1H15. Celle pour Ceuta était indiquée pour à peu près 2 fois moins chère.

port détroit gibraltar
Au port avant l’embarquement pour traverser le détroit de Gibraltar

Pour les réalisateurs, attention à deux choses particulièrement.

Premièrement, pénétrer dans le royaume avec un drone est interdit. Sans aucun doute, vous pourrez faire les démarches nécessaires auprès des autorités marocaines pour obtenir une dérogation mais veillez à vous y prendre en avance vu la lenteur de l’administration du pays.

Ensuite, lorsque vous déclarerez votre métier à la douane, méfiance. J’ai eu le malheur de dire que j’étais réalisateur et le douanier a tiqué. Il m’a posé plusieurs questions : pourquoi je viens au Maroc, quels films je réalise, est-ce que j’ai du matériel avec moi, pour quelle entreprise je travaille, etc … En fait, je pense qu’ils veulent éviter de lâcher dans la nature de potentiels journalistes, reporters, réalisateurs qui pourraient faire des documentaires qui ne seraient pas du goût de l’État. Bref, vous êtes prévenus, à vous de voir comment vous voulez vous y prendre face à ce genre de petits interrogatoires. Dans tous les cas, respect et sourire aident pas mal pour régler cela facilement.

Enfin, dernier point, et non des moindres, à prendre en compte quand vous partez au Maroc en van ou camping-car : méfiez-vous du camping sauvage.

En effet, le royaume n’apprécie pas du tout laissez ses touristes seuls dans la nature. Il faut savoir que le tourisme pèse pour environ 10% du PIB au Maroc et que ce secteur est essentiel pour l’économie du pays. Hors de question donc de faire prendre des risques aux touristes en visite.

Pause aux portes du désert marocain

Si le Maroc est un pays très sûr de manière globale, un événement à beaucoup marquer les marocains et explique presque à lui tout seul la méfiance des autorités marocaines face au camping sauvage. En effet, fin 2018, 2 jeunes scandinaves parties seules en trek ont été tué dans la région du parc national du Toubkal (plus haut sommet du pays).

La violence de ces assassinats et la revendication terroriste ont profondément marqué, à la fois les européens mais aussi bien sûr les marocains. Depuis, les autorités veillent encore plus à l’intégrité des visiteurs et dormir hors des sentiers battus relève du véritable challenge dans certaines régions.

Pour ne rien arranger, une bonne partie des côtes marocaines, notamment celles le long de la Méditerranée, sont sous surveillance perpétuelle. L’explication est double : trafics de drogue et immigration. Le Maroc est en effet missionné (et aidé financièrement) par les Européens pour tenter de limiter les flux illégaux depuis la Méditerranée. Les côtes sont donc littéralement quadrillées par les gardes, jour et nuit. Et la nuit, la plage est interdite d’accès quasiment partout. Ainsi, rester en camion près de la côte n’est clairement pas envisageable …

Pour la petite histoire, malgré que nous avions entendu parler de ces difficultés, nous avons tenté notre chance dans les premiers jours. Alors que le garde côte, nous avait autorisé à rester la nuit sur un spot relativement loin de la plage, la police nous a réveillés en pleine nuit et nous a sommé de partir. On a eu beau leur expliquer que les gardes côtes étaient OK, ils ne pouvaient pas autoriser qu’on reste sur ce lieu « pour notre sécurité ».

Il a donc fallu qu’on termine la nuit en plein cœur du village un peu plus loin. En fait, on a le droit de dormir en dehors des campings et aires de camping-cars mais pas seuls en pleine nature. Un peu embêtant quand on apprécie la tranquillité.

Une nuit en pleine vallée de l’Ourika, pas vraiment au calme mais bien intégrer à la vie locale

Ah oui, dernière chose essentielle à savoir qui vaut le rappel : éviter de boire l’eau courante ! Si la plupart du temps elle est propre à la consommation selon les normes marocaines, elle est souvent synonyme de la fameuse tourista pour nous européens qui ne sommes pas habitués au même traitement de l’eau.

Cependant, ça ne nous a pas empêché de remplir notre cuve d’eau propre avec pour laver la vaisselle, prendre notre douche ou réaliser une lessive. Veillez au moins à ne pas rincer vos fruits et légumes avec.

L’achat de bouteilles d’eau est alors la seule solution pour notre consommation si vous ne voulez prendre aucun risque. Et franchement, c’est assez fatiguant d’acheter et d’accumuler autant de plastiques car je peux vous dire que vous allez en boire quelques litres, surtout si vous partez l’été !

sommets vallée l'Ourika sud maroc
Vue sur les sommets qui entourent la vallée l’Ourika, au sud de Marrakech

Et pourtant ça vaut le voyage :

Ce premier chapitre n’avait évidemment pas pour but de vous décourager mais nous paraissait nécessaire pour éviter les mauvaises surprises. De toute façon, chaque pays a ses inconvénients quand il s’agit d’y vivre en camion. Vous connaissez maintenant ceux du Maroc et pourtant cela ne nous a pas du tout empêché d’y passer un super séjour.

Car oui, le Maroc est vraiment une destination géniale et y aller en camion reste un excellent moyen pour découvrir ce pays du Maghreb !

En effet, le Maroc est un grand pays et le camion vous permet donc d’être très mobile ! En 3 semaines, nous avons fait une belle boucle d’à peine 2000km qui nous a mené des villages de pêcheurs le long de la Méditerrané aux portes du désert à Ouarzazate en passant par la belle Chefchaouen, la paisible Assilah, l’incontournable Essaouira, l’accueillante vallée de l’Ourika ou encore les impressionnantes gorges du Dadès. Nous n’avons pas pu aller plus bas par manque de temps mais nul doute que nous y reviendrons pour découvrir les contrées les plus au Sud !

Le Maroc est un pays à la richesse culturelle très diversifiée suivant les régions. Vous ne cesserez donc d’apprendre de nouvelles coutumes et manières de vivre.

Une constante cependant : vous ne serez jamais déçu par l’accueil des marocains.

Leur gentillesse n’est pas un mythe loin de là même s’il faudra parfois composer avec quelques commerçants insistants pour vous vendre leurs produits, surtout dans les villes les plus touristiques. Petit conseil pour faire tourner court les nombreuses sollicitations : apprenez quelques mots d’arabe et montrez que vous connaissez le pays. Ce faisant, ils comprennent vite que vous connaissez les ficelles du métier et que vous ne vous laisserez pas prendre au jeu facilement.

Les marocains apprécient d’ailleurs beaucoup quand on fait l’effort de parler quelques mots de leur langue, bien que la plupart parlent très bien français. Montrer qu’on connaît un peu la culture et la langue vous permettra de vous intégrer un peu plus encore à la population locale et vous tisserez parfois de vraies relations de confiance.

Virée en bateau avec notre ami Mohamed, retrouvé 15 ans après

Aller au Maroc, c’est le dépaysement assuré. Alors que je n’y avais pas mis les pieds depuis une quinzaine d’année, je n’ai pas vu tant de changements que ça. Mis à part les grandes villes qui ont encore bien poussées et certains bleds sur la côte qui sont devenus encore un peu plus balnéaires, le reste est plutôt resté dans son jus (dans le bon sens du terme). Je veux dire par là que le côté authentique et artisanal qui nous fait aimer le Maroc est toujours bien présent.

Bien entendu, vous serez confrontés à une culture vraiment différente de la nôtre avec une forte prégnance de la religion. Vous ne cesserez d’être étonnés en regardant autour de vous. Sur la route, vous croiserez parfois 3 enfants sur le même vélo, les gens sans casques sur les scooters, des chèvres dans un arbre, un vieux Merco qui vous doublera à fond alors qu’ils sont une dizaine à bord !

Vous aurez aussi beaucoup de sourire et de gestes de la main pour vous saluer, un coup de klaxon de temps en temps. Tenez-le-vous pour dit, vous ne passerez pas inaperçu !

Une chose très appréciable au Maroc est également le coût de la vie qui, pour nous européens, n’est pas très élevé. Manger, aller au camping, payer un parking ou une visite vous coûteront peu en rapport à ce que nous avons l’habitude chez nous.

Toutefois, comme partout certains prix se sont envolés, notamment ceux de l’essence. Si ça nous parait encore peu coûteux, ça devient extrêmement problématique pour les locaux. Cette hausse des prix vient s’ajouter à 2 ans de Covid pendant lesquels les touristes n’étaient évidemment pas au rendez-vous.

L’État marocain a été obligé de verser des aides conséquentes dans beaucoup de secteurs pour que tout ne s’effondre pas, et également pour éviter la colère qui montait.

Autre problématique majeure pour le royaume, celle de l’eau. Depuis de nombreuses années, le Maroc est en effet confronté à un véritable souci d’asséchement des rivières et lacs de barrages.

Certaines des plus grandes retenues ne sont plus qu’à 10% de leur capacité et il n’est pas rare de croiser des rivières complètements vides. L’agriculture est un pan essentiel de l’économie pour le Maroc, de même que l’hydro-électricité produite par les barrages est un pilier de leur mix énergétique.

Difficile donc d’être très optimiste pour l’avenir. Comme partout bien évidemment mais les pays du Sud sont déjà ceux qui pâtissent le plus du dérèglement climatique.

route groges Dadès
La magnifique route au bout des gorges du Dadès

Visiter ces pays est donc aussi l’occasion d’ouvrir les yeux sur les difficultés rencontrées par les autres régions du monde. On n’est pas très loin de la France et c’est pourtant déjà tellement différent.

Vous en prendrez plein les yeux sur les paysages si caractéristiques du Maghreb, vous serez touchés par la bienveillance des marocains et vous apprécierez leur gastronomie.

Le Maroc ne laisse jamais indifférent, ce pays vous marquera forcément. Vous aurez toujours quelque chose à raconter à votre retour. Un petit goût d’aventure car voyager en van dans cette région ne ressemble en rien à ce que nous avons l’habitude de voir chez nous !

Rédigé par "escapefeeling"